Radio, audiodescription et plateforme : trois exemples de projets d'éducation aux images innovants

L'explication succincte mais exhaustive, en guise d'introduction et de rappel, du fonctionnement de l'éducation aux images à l'échelle nationale par Danielle Sartori, cheffe du service de l’action territoriale et culturelle au CNC, a immédiatement été suivie par la présentation d'un premier projet. Hélène Hoël, responsable des actions jeune public et scolaire au Cinéma Le Concorde, en Pays de la Loire, s'est ainsi installée auprès des animatrices pour présenter les "Lettres radiophoniques, un projet de création radiophonique autour du dispositif École et cinéma" visant, comme elle l'a rappelé, à faire "voir des films" étant donné le peu d'entre eux "découverts en salle" en raison de la crise sanitaire. Il consiste en la création par des élèves de capsules radiophoniques de cinq minutes exposant "leur expérience en salle" ainsi que leur rapport au film grâce à des ateliers qui seraient menés en partenariat avec la station locale Graffiti Urban Radio et une professionnelle de l’image : l'enjeu est d'encourager "la lecture des images", une posture cinéphilique proprement active à travers une pratique en plusieurs modules dont le résultat, diffusé en ligne, pourra faire l'objet d'échanges. Le projet débutera en novembre 2021 avec les films des trois premiers trimestres, l'objectif envisagé sur le court terme étant de le déployer sur trois ans avec chaque année trois classes différentes ; sur le long terme, il s'agirait dans l'idéal d'aboutir à une démarche autonome grâce à l'implication d'enseignants maîtrisant les pratiques numériques. La présentation s'est achevée, à titre d’exemple, avec l'écoute d'une capsule sonore réalisée dans le cadre d’une formation d'enseignants.
Le projet suivant, "Le dispositif audio-descriptif, des promesses inédites de cinéma et de médiation pour tous les publics", a quant à lui été précédé de la diffusion d'une capsule vidéo complémentaire aux propos de ceux qui le présenteront, Lucile Gybels et Amaury Piotin, coordinatrice Lycéens et apprentis au cinéma et coordinateur Passeurs d’images à l’Acrira en Auvergne-Rhône-Alpes. "14 % de la population souffre d'un handicap sensoriel", "1,7 million de Français sont malvoyants" : ces statistiques rapidement énoncées ont rejoint divers constats tels que "la remontée difficile des informations relatives au nombre de salles équipées" et l'engagement partiel des cinémas concernant l'audiodescription. La démarche consiste ici à amener des groupes inscrits aux deux dispositifs, avec pour chacun un intervenant spécialisé, à réaliser une version en audiodescription d'un film d'animation de moins de cinq minutes. Cette pratique, dans le prolongement du "rappel des bases" et de "la déconstruction des a priori", aboutira à deux versions qui constitueront avec le film original l'avant-programme de films proposés dans le cadre des deux dispositifs en 2021 et 2022. Il s'agit, comme le dit la réalisatrice de versions audiodécrites Marie Diagne dans la vidéo d'introduction, de "transmettre du cinéma" uniquement à partir du son : ce "défi" est à la fois une sensibilisation et un moyen de découvrir la mise en scène sonore, idée sur laquelle ont insisté les orateurs.
Le public a ensuite assisté à la présentation d'un projet autour de la "Création d’outils de médiation autour des films des dispositifs, à disposition des personnels de salles de cinéma" dans une logique visant à "relancer les dispositifs", "replacer la salle au cœur" de ceux-ci et en même temps à favoriser "des prolongements en dehors d'elle", comme l'a indiqué Alexandre Corvaisier, chargé des dispositifs scolaires au sein de De la suite dans les images, coordination École et cinéma et Collège au cinéma dans les Hauts-de-France. Ces différents besoins trouvent leur résolution dans Pixivore, une plateforme pensée par De la suite dans les images et le Cinéma Les Étoiles de Bruay-la-Buissière (62) lancée en 2019, qu'il a présentée en détail. Le site au design minimaliste se veut "très peu didactique" : il fonctionne comme un agrégateur de contenus comprenant "beaucoup d'articles connexes sur chaque page, de sources externes issues d'autres pôles régionaux d’éducation aux images, d'Arte" et d'autres "produits en interne", comme des fiches métiers, des watchlists, des "clips très pop" présentant des cinémas régionaux ou encore des quiz, pour ne citer que ces exemples. Les jeunes participants de Collège au cinéma, cible privilégiée au départ, pourraient également, toujours lors du hors temps scolaire, recevoir des "challenges" consistant à réaliser des œuvres filmiques brèves en lien avec les films qu'ils ont pu découvrir dans le cadre du dispositif mentionné auparavant.
En résumé, les trois présentations ont semble-t-il autant été appréciées pour leur pertinence que leur originalité malgré les obligations liées au temps. Un suivi de ces projets sera assuré et restitué par Le Fil des images.